Portrait de Militant : Georges Ibrahim Abdallah
Portrait d’un communiste révolutionnaire arabe, militant de la cause Palestinienne et emprisonné en France depuis le 24 octobre 1984.

Qui est Georges Ibrahim Abdallah ?
Il est né le 2 avril 1951 à Kobayat au Liban. C’est un militant communiste libanais.
Il effectue ses études à l’est de Beyrouth et est nommé instituteur en 1972. Il reste dans l’enseignement jusqu’en 1979.
Il grandit donc au Liban, pays où en 1975, une guerre civile interconfessionnelle débute et ravage le pays jusqu’en 1990. Dans cette guerre civile libanaise, ou plus connue sous le nom de Guerre du Liban, plusieurs interventions étrangères s’y déroulent.

Succinctement, le Contexte Libanais…
En 1948, lors de la guerre israélo-palestinienne à la suite de la naissance de l’État d’Israël, environ 140 000 Palestiniens se sont réfugiés au Liban.
Vers la fin des années 1960, la vie politique libanaise est entachée d’affaires de corruption généralisée des fonctionnaires et par les désaccords sur les thèmes de politique extérieure et de traitement de la résistance palestinienne. C’est dans ce contexte que des vagues d’affrontements entre les Libanais conservateurs chrétiens (qui se tournent vers l’occident) et les clans pro-Arabes (solidaires de la résistance) commencent. Des milices se forment et s’arment massivement.
On peut diviser la guerre civile libanaise en deux grandes phases.
De 1975 à 1982, le Front Libanais s’oppose à une coalition “palestino-progressite”, L’OLP (Organisation de Libération de la Palestine). L’intervention israélienne élimine l’OLP qui devra se retirer en Tunisie. Les États-Unis soutiennent la barbarie de la politique du gouvernement Israélien.
De 1982 à 1990, les forces d’interposition occidentales sont un échec, et l’on voit la montée en puissances des forces chiites, les partis Amal et Hezbollah.
Cette guerre civile aura fait plus de 150 000 morts et des centaines de milliers de personnes disparues, exilées ou déportées.
Le Liban finira sous la tutelle de la Syrie, qui entamera une reconstruction du pays de 1990 à 2005.

Son engagement
C’est dans ce contexte que grandira et vivra Georges Ibrahim Abdallah.
Il commence son engagement politique dans les rangs du Parti National Social Syrien (PNSS) pour rejoindre ensuite la résistance palestinienne, en adhérant au Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP). Il est blessé lors de la résistance à l’invasion sioniste du Sud Liban en 1978.
Il participe à la création de la Fraction Armée Révolutionnaire Libanaise (FARL), organisation se déclarant communiste et anti-impérialiste. Il en dirige les opérations en France, la base de ce groupe étant installée à Lyon.
Les principales opérations attribuées aux FARL en France sont l’exécution du colonel Charles Ray, attaché militaire à l’ambassade États-unienne le 18 janvier 1982 et l’exécution le 3 avril 1982 de Yakov Barsimantov, responsable du Mossad et secrétaire en second à l’ambassade d’Israël à Paris.

Incarcéré…
Le 24 octobre 1984, Georges Ibrahim Abdallah est arrêté à Lyon pour détention de vrais-faux papiers d’identité : un passeport délivré légalement par les autorités algériennes.
Il est condamné à quatre ans de détention le 10 juillet 1986, pour détention d’armes et d’explosifs. Il refuse le procès mais n’interjette pas appel.
Les États-Unis d’Amérique, qui exercent des pressions directes sur le gouvernement français afin qu’il ne soit pas relâché, se constituent partie civile dans le procès et le président américain Reagan en personne aborde le sujet lors d’une rencontre avec le président français Mitterrand.
En mars 1987, il sera jugé une nouvelle fois sur la base d’une saisie de l’arme qui aurait été utilisée pour les deux attentats du colonel Charles Ray et Yakov Barsimantov, dans un appartement loué à son nom.
Il est condamné à perpétuité bien que le procureur n’ait réclamé qu’une peine de dix ans d’emprisonnement.
Georges Ibrahim Abdallah continue en prison, à défendre la cause des peuples opprimés, par des grèves de la faim.
En novembre 2003, il est déclaré libérable en libération conditionnelle par la Juridiction Régionale de Libération Conditionnelle de Pau.

… et acharnement judiciaire
Le procureur général de Pau fait appel de cette décision sur ordre du Ministre de la Justice Dominique Perben.
Le 15 janvier 2004, il est décidé de le maintenir en prison.
Georges Ibrahim Abdallah présente alors, deux nouvelles demandes de libération conditionnelle : en février 2005 qui sera rejetée en février 2006, et en février 2007.
Sa demande de liberté conditionnelle de 2007 a été reportée deux fois et refusée en octobre 2007 pour, selon la DST (Direction de la Surveillance du Territoire), “une menace pour la sécurité” de la France et que “ses convictions anti-impérialistes et anti- israéliennes sont restées intactes”. Georges fait appel de la décision.
De décembre 2007 à mai 2009, c’est la débâcle judiciaire. Les examens en appel ainsi que les audiences sont reportés. Il est convoqué en décembre 2009 pour avoir refusé de se soumettre à un test ADN, rappelant que ce prélèvement biologique avait déjà été effectué en 2003. Il est condamné à 3 mois de prison. Georges refait appel de la décision. Le 20 mai, il est relaxé mais cinq jours après, le ministère public se pourvoit en cassation.
Sa demande de libération conditionnelle du 21 novembre 2012, a été conditionnée par un arrêté d’expulsion que le ministre de l’Intérieur d’alors n’a jamais voulu signer. Alors que le Liban, son pays, est officiellement prêt à l’accueillir.
Selon, son ancien avocat Maître Verges : « C’est le gouvernement des États-Unis qui oppose un veto intolérable à sa libération. »
Yves Bonnet, directeur de la DST au moment de son arrestation : « La France a subi tout au long de cette affaire d’énormes pressions diplomatiques pour que celui qui a assassiné non pas des diplomates mais en réalité un agent de la CIA et un membre du Mossad (services secrets israéliens) reste en prison. »
A ce jour, Georges Ibrahim Abdallah, âgé de 70 ans, est toujours incarcéré en France alors qu’il est, selon le droit français, libérable depuis 1999. Il a plus que doublé la peine de sûreté de 15 ans assortie à sa condamnation. Cela fait bientôt 37 ans qu’il est incarcéré.
Nous sommes ici, face à un acharnement judiciaire pour raisons politiques contre Georges Ibrahim Abdallah.
Pour aller plus loin :
Livre :
GEORGES IBRAHIM ABDALLAH
Collectif International
Collection Documents
ISBN : 978-2-84761-813-6
Les Éditions Al Dante
Film :
« Fedayin, le combat de Georges Abdallah »
https://fedayin-lefilm.com/
Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Ibrahim_Abdallah
https://liberonsgeorges.samizdat.net/qui-est-georges-abdallah/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_du_Liban
Myriam Pommelec – Juillet 2021
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