Ramy Shaath, militant politique et défenseur des droits humains

Ramy Shaath est détenu en Egypte depuis le 05 Juillet 2019, dans des conditions déplorables.
Retour sur un personnage militant et soutenu par Amnesty International et l’Association France Palestine Solidarité…

Un Homme militant


 Ramy Shaat est né est né à Beyrouth en 1971 d’une mère militante égyptienne et d’un père ancien ministre des Affaires étrangères palestinien. Il a la double nationalité : égypto-palestinien.
En 1973, le raid Israélien à Beyrouth et le début de la guerre civile libanaise en 1975, pousse sa famille à s’installer au Caire, en Égypte.

Il milite très tôt lui aussi. En 1990, étudiant à l’Université, il participe aux manifestations étudiantes pacifistes contre la Guerre du Golfe.
En 1993, il participe, en tant que membre de la délégation palestinienne, aux négociations de l’Accord de Gaza-Jéricho. Il sera même Conseiller Politique de Yesser Arafat de 1994 à 1999.
Il se retire de la scène politique suite à l’échec des négociations israélo-palestiniennes en 1999 et retourne s’installer au Caire.

En 2008, il organise un convoi humanitaire lors des bombardements israéliens sur Gaza.

En 2010, il rejoint la coalition de militants égyptiens qui appelleront au soulèvement populaire pacifiste et pro-démocratie en 2011. Cela conduira au Printemps Arabe.
Après le départ de Mubarak, il contribue à la création du Parti Al Destour, en tant que Secrétaire Général par intérim. Ce parti jouera un rôle crucial dans la transition démocratique du pays.

En 2012, il ré-organise un convoi humanitaire pour Gaza.

En 2013, Ramy participe à la création du “Front de la Révolution” pour tenter de défendre les libertés acquises en 2011. C’est un échec : les manifestations de l’opposition sont interdites et réprimées. Des dizaines de milliers de manifestants et militants sont arrêtés et incarcérés.

En 2014, Ramy organise un troisième convoi humanitaire lors des bombardements israéliens qui dureront plusieurs semaines sur Gaza.
A partir de ce moment là, il dédie son action politique au renforcement de la solidarité égyptienne avec le peuple palestinien.

En 2015, il devient le co-fondateur du mouvement BDS (Boycott, Desinvestissement, Sanctions).

En Août 2018, il se marie avec Céline Lebrun, Française et professeur d’Histoire-Géo qui vit depuis 8 ans en Egypte.

Le BDS (Boycott, Desinvestissement, Sanctions)

Charte de la Campagne BDS France (principes qui guident notre action)
1 – Le boycott représente une prise de position, c’est un acte de dénonciation politique qui se poursuivra jusqu’à ce qu’Israël s’engage clairement dans le respect du droit international, la fin de l’occupation et de la colonisation.

2- Cette campagne de Boycott de l’Etat d’Israël en tant qu’occupant et colonisateur, comme celle du Boycott de l’Afrique du Sud de l’Apartheid, n’est pas une fin en soi, destinée à discriminer une population. Elle constitue un outil de pression sur nos gouvernements pour qu’ils appliquent des sanctions et un levier sur le gouvernement israélien, qui servira à imposer la seule issue pour cette région : l’application du droit international et le respect des droits des Palestiniens.

3- Notre action est éthique, citoyenne et politique.

Elle s’inscrit dans notre combat permanent contre toute forme de racisme.
Elle ne vise pas des personnes ou des groupes en raison de leur origine ou de leur religion juive, ni leurs entreprises ou leurs produits.
Nous faisons une différence évidente entre un produit israélien que nous boycottons, et un produit casher produit par une entreprise non israélienne que nous ne boycottons pas.”
Ce boycott ne vise pas la société israélienne ni les individus qui la compose, en tant que tels, il vise la politique coloniale d’occupation israélienne et ses partisans.

4 – Nous nous engageons

À refuser d’acheter ou de consommer les produits et les services de l’économie israélienne ;
À refuser de participer à toute action culturelle sportive… promue en France par des institutions officielles israéliennes ;
À informer les partenaires commerciaux ou institutionnels des raisons de notre boycott ;
À mener des campagnes d’information et de sensibilisation du public sur les raisons du boycott, et sur les entreprises françaises qui participent à l’occupation et à la colonisation israélienne ;
À mener des actions d’information auprès des entreprises et comités d’entreprise français sur les produits israéliens et les raisons de cesser leur distribution.

5 – Notre action est non violente et respecte les personnes et les biens.

C’est le nombre de citoyens, associations, organisations syndicales et politiques qui nous rejoindront dans cette campagne solidaire et déterminée qui permettra d’atteindre ce but.”

C’est un mouvement mondial qui vise à boycotter le produits israéliens – et plus spécialement les produits qui viennent des colonies et des territoires palestiniens occupés – en tant qu’Etat d’Apartheid Raciste.

Ramy, un militant qui dérange

 

En 1990, Le Ministère de l’Intérieur égyptien refuse de renouveler son passeport suite à son militantisme pacifique à l’Université, avant de lui délivrer un passeport d’une validité d’un an.
Il est également soumis à des interrogatoires systématiques à l’aéroport lors de ses sorties ou entrées sur le territoire égyptien.
Ces mesures ont été appliquées pendant 23 ans, de 1990 à 2013 !

En 1992, La Sûreté de l’État l’a exempté du service militaire pour cause de “raisons sécuritaires” et cela l’empêche d’accéder à certains postes notamment dans la fonction publique.

En 2012, il est frappé d’interdiction de quitter le territoire. Le Ministère de l’Intérieur refuse de renouveler son passeport et essaie de lui retirer sa nationalité égyptienne affirmant qu’il n’est pas égyptien. Ramy fait appel au Conseil d’État et obtient gain de cause. Le Ministère de l’intérieur fait appel de cette décision. L’appel est toujours en Instance.

Ramy, prisonnier d’opinion

 

En 2019, Ramy exprime son opposition au plan de Donald Trump visant à “résoudre” le conflit Israélo -Palestinien. Il dénonce également la participation de l’Égypte à la Conférence consacrée au volet économique de ce plan.

Dix jours plus tard, le 05 juillet 2019 à 00h45, il est arrêté par une douzaine d’agents de sécurité qui font irruption à son domicile sans mandat officiel.
Sa femme Céline est expulsée. Elle est embarquée dans un véhicule différent de son mari et envoyée directement à l’aéroport sans avoir eu le droit de prévenir les autorités Française, à savoir l’Ambassade de France.
Ramy, lui, disparaît pendant 36 heures et ne réapparaît que lors de la comparution devant le procureur de la Sûreté de l’État sans avoir pu consulter son avocat.
Il est transféré le 07 juillet 2019 à la prison de Tora en détention préventive. Cette détention a été renouvelée plus de 20 fois !

Il a été ajouté à l’affaire 930/2019 qui comprends de nombreuses autres personnalités détenues pour leur activisme politique légitime (avocats, anciens parlementaires et journalistes).

Il a également été ajouté à la “liste des terroristes” sans communications des accusations précises contre lui.

Conférence de presse Amnesty International Lannion

 

Ce mardi 08 juin, Amnesty International Lannion organisait une Conférence de presse pour la défense de Ramy Shaath, militant des droits humains, égypto-palestinien.

Quelques informations sur l’Égypte :

– 60 000 prisonniers d’opinion,
– Les autorités continuent de punir toute opposition, même les oppositions supposées : elles n’ont même pas besoin d’être exprimées.
– Plusieurs dizaines de journalistes ont été arrêtés arbitrairement car ils faisaient simplement leur travail
– Avec la pandémie de Covid, des soignants, qui avaient exprimé des doutes sur la sécurité liée au contexte sanitaire, ont été arrêtés.
– Les manifestations sont réprimées, des centaines de manifestants ont été placés en détention et sont accusés systématiquement de terroristes.
– Les conditions de détention sont cruelles et inhumaines.
– C’est le 5e pays qui prononce des condamnations à mort après la Chine, L’Iran, L’Irak et la Syrie.
– Les autorités arrêtent des chrétiens, des musulmans sunnites et des personnes d’autres professions et sont accusés de blasphème.
– Lors des procès, la parole de la défense est complètement bafouée. Les condamnations à mort sont régulières et applicables : elles sont prononcées et exécutées.

La répression en Égypte est très, très forte. Elle s’est accentuée depuis les évènements de la Place Tahrir et du printemps arabe.

Et Ramy était une des personnalités qui étaient en première ligne de ces évènements du printemps arabe. Il est militant des droits humains depuis 1990. Il est co-fondateur du BDS (Boycott, Desinvestissement, Sanctions) qui boycotte les produits d’Israël en tant qu’État d’Apartheid.

Ramy Shaath représente une troisième voie entre la Dictature du Maréchal Al Sissi et les Mouvements islamistes. Donc, il représente une menace potentielle pour le régime en place.

Ramy est une figure emblématique de la répression qui s’opère en Égypte. Il n’est pas le seul à être injustement emprisonné mais c’est à travers son cas, qu’Amnesty met en avant les conditions de détention et les conditions des droits humains en Égypte.

Il a été emprisonné le 05 juillet 2019, mais il n’y a pas réellement de charges contre lui. Il a juste exprimé ses opinions. Il est en détention préventives et il n’y a pas d’inculpations. Lundi 7 juin, il repassait pour la 23ème fois devant la Cour pour savoir si sa détention préventive était renouvelée ! C’est habituellement renouvelé tous les 45 jours. Amnesty attend encore la décision.

Ramy est enfermé dans une cellule qui fait 25m2 avec une dizaines d’autres détenus ! Pour dormir, ça doit être compliqué. Les parents doivent apporter la nourriture et les vêtements.

Sa femme Céline est française et se bat pour la libération de Ramy. Elle a été expulsée d’Égypte lors de l’interpellation de son mari.
Il a été ajouté sur la “liste des terroristes” en avril dernier, ce qui constitue une aggravation des Droits de l’Homme car il n’est pas seul à y être ajouté. Mercredi 09 juin, la décision du Recours que son avocat a posé contre cet ajout à la “liste des terroristes” sera rendue.

Ça va bientôt faire 2 ans qu’il a été arrêté. Le 05 juillet prochain, soit il est libéré, soit il est renouvelé pour 2 ans selon le droit égyptien.

C’est pour cela qu’Amnesty International fait pression aujourd’hui pour la libération de Ramy Shaath.
Le 04 juin dernier, 182 élus de tous bords, ont appelé le Maréchal Al Sissi à libérer Ramy Shaath.
Une pétition en ligne, à l’initiative d’Amnesty, récolte aujourd’hui 85 000 signatures. L’objectif est de passer à 100 000 signatures avant le 23 juin (date d’anniversaire de Ramy) pour l’envoyer à l’Ambassade d’Égypte à Paris.

Amnesty International Lannion demande la libération immédiate, inconditionnelle et sans restrictions du défenseur des droits humains, Ramy Shaath.

 

 

 

 

Pour signer la pétition, cliquez sur ce lien : Libérez Ramy Shaath

 

Myriam Pommelec- Juin 2021